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Henri Beauclerc

Henri Beauclerc, le Roi-Duc bâtisseur... (1068 - 1135)

Plus  de sept tomes de Bande Dessinée ont été consacrés à l'époque de Henri Beauclerc, en fait on suit le personnage sur les tomes 1, 2, 3 de la série "Les Fils de Guillaume", les tomes 2, 3, 4, 5 de la série "l'Epte, des vikings aux plantagenets", on le voit naitre dans le tome 4 de la série "Les riches Heures d'Arnauld de Bichancourt", et on le voit lors de son premier entretien de Roi à Roi avec Louis le Gros à la fin du tome 1 de la série l'Epte. Autant dire que ce souverain a particulièrement été bien étudié dans les ouvrages Assor Bd et Assor Hist & BD.

Roi méconnu en France, peu connu en Normandie, il est le grand bâtisseur des châteaux estampillés, à des fins touristiques "Guillaume le Conquérant",. Nous reviendrons au fur et à mesure sur ces constructions en suivant notre trame Historique. Son chroniqueur principal est Orderic Vital (1075 - v 1142), moine de l'abbaye de Saint Evroult. On peut penser que les deux hommes se sont rencontrés, pour la première fois, en 1113, lors de la visite du roi à L'abbaye...

Deux Rois face à face : Henri Beauclerc et Louis le Gros

Louis le gros

Louis le Gros, le batailleur... (1081 - 1137)

Sur les cinq tomes de la série "L'Epte des Vikings aux Plantagenets", on suit le périple du roi des Francs Louis le Gros face à Henri, roi d'Angleterre, auparavant on le voit alors qu'il est encore prince quand il arrive à la tour de Londres à la cours du roi Henri dans le tome 3 de la série "Les Fils de Guillaume". Bien avant Philippe Auguste, il pense à élargir son royaume et surtout a possèder une emprise sur ses vassaux. mais voilà, ce n'est pas Jean sans Terre qui lui barre le chemin... On Connait particulièrement bien la vie du  souverain par le récit que fait Suger (1081-1151) son conseiller et abbé de Saint Denis. Du même âge que le roi, Suger est également ce personnage qui fait construire le premier édifice gothique.

La jeunesse des deux rois.

Henri

Des quatre fils de Guillaume le Conquérant, ( Robert, Richard, Guillaume, Henri, il est le seul né après la conquête de l'Angleterre en 1066,  Nous ne savons presque rien de sa jeunesse, le lieu de sa naissance est lui-même contreversé, mais la plupart des historiens penche en faveur d'un couvent de Selby proche de la cité de York. Nous sommes en 1068, et le roi Guillaume entreprend la conquête  de la Northumbrie. Revenons un petit peu en arrière, la duchesse Mathilde son épouse, débarque début mai en Angleterre pour y être couronnée Reine à Westminster lors des fêtes de la Pentecôte. Quelques mois auparavant, le soir du 6 décembre, le Duc-Roi avait quitté la Normandie à Dieppe pour rentrer en Angleterre. La reine avait suivi le roi dans son périple, Alors que le roi est à York et expédie quelques affaires courantes dont l'envoi d'une délégation conduite par l'évêque de Durham, Ætelwine, auprès du roi Malcolm. La reine est déjà repartie vers le sud, quand prise de contractions, elle aurait rejoint l'abbaye de Selby pour y accoucher.

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naissance d'Henri Beauclerc

On raconte aux visiteurs de l'abbaye de Selby qu'une chambre était le lieu de naissance du futur roi.  mais, il est également vraisemblable que la reine sot déjà dans  le sud à Winchester, où elle était évidemment à Pâques 1069. On ne sait pratiquement rien de sa jeunesse. En 1075, Guillaume le Conquérant perd son fils Richard mort dans la "New Forest". On retouve trace d'henri en 1077, Orderic Vital raconte (Liv. IV) : "Un jour que le roi préparait une expédition contre le Corbonnois, et qu'il se trouvait logé chez Gunhier dans la ville de Richer que l'on appelle L'Aigle à cause d'un nid d'aigle qu'on y trouva dans un chêne, pendant que Fulbert en faisait construire la forteresse, il s'éleva entre les fils du roi une discussion diabolique qui depuis produisit de nombreux différents et beaucoup de crimes. 
 

Naissance de Henri Beauclerc.

 Extrait BD Arnauld de Bichancourt - Northumbrie -

dessin et scénario S. Mogère.

Les deux frères Guillaume-le-Roux et Henri étaient d'accord avec leur père, et, croyant que leur pouvoir, devait étre égal à celui de Robert, trouvaient qu’il était ,injuste que leur frère obtînt seul les biens de Ieur père et se montrât son égal, en s'entourant d'une armée de-clients. En conséquence, ils se rendirent à L'Aigle dans la maison où était descendu Robert chez Roger Calcège. Ils se mirent suivant l'usage des chevaliers, à jouer aux dés sur une ,terrasse. Ensuite ils firent un grand bruit ·et jetèrent de l'eau sur Robert et ses amis qui se trouvaient au dessous d'eux. Alors Yves et Alberic de Grandmesnil dirent à Robert : «Pourquoi donc souffres~tu cet outrage? Est-ce ·que tu ne vois pas tes frères qui se .sont élevés au dessus de ta tête et qui, par mépris pour toi, nous couvrent d'ordures ? Ne vois-tu pas ce que cela signifie? Les moins clairvoyants s'en apercevraient. Si tu ne punis pas promptement l'outrage que l'on te fait, tu es perdu, et tu ne t'en relèveras jamais». A ces propos, Robert furieux se leva, et courut à la chambre où étaient ses frères. Au bruit qui s'éleva, le roi accourut de son appartement, et, par son autorité royale, calma pour un temps la fureur de ses fils. "

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Il faut bien sûr relativiser ce texte écrit près de 40 ans après les faits, Henri n'a que neuf ans en 1077, et ce que l'on peut retenir c'est qu'il suit son frère Guillaume âgé de 21 ans pour lancer de l'eau sur Robert et ses amis et ce au moment où Robert, 26 ans, ce n'est pas rien pour l'époque, demande à participer au pouvoir de son père. On connait la suite Robert se fâche à cette date avec son père. Disons le tout de suite, Orderic écrit à son histoire après 1113, il y a déjà plusieurs années que Henri a mis la main sur l'Angleterre puis sur la Normandie et que son frère Robert Courteheuse est son prisonnier. Dés lors, dans les écrits d'Orderic, Henri à toutes les qualités que n'a pas son fils aîné.

En 1087, alors qu'il marche dans le Vexin français et vient de mettre à sac la ville de Mantes, Guillaume le Conquérant tombe de cheval et meurt peu après, c'est donc pour cette époque que le moine de Saint Evroult nous donne des nouvelles d'Henri.

Enfin le mal s’aggravant outre mesure, Guillaume vit bien qu’une mort inévitable le menaçait… Il appela près de lui, ses fils, Guillaume le Roux et Henri qui se trouvaient là, ainsi que quelques amis, et s’occupa avec prévoyance et sagesse des affaires de ses états. Son fils Robert, qui était l’aîné, avait autrefois eu avec lui de vives altercations ; depuis peu de temps fâché par suite de quelques nouvelles folies, il s’était retiré auprès du roi des Français…

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« Je désire que mon fils Guillaume, qui, dès son enfance, m’a toujours été attaché, et, selon son pouvoir, m’a obéi de bonne grâce en toutes choses, se maintienne longtemps dans l’esprit de Dieu, et, si c’est la volonté divine, brille sur le trône royal ».

Pendant que le roi Guillaume disait ces choses et beaucoup de semblables, et que la stupeur saisissait les assistants, qui mesuraient des yeux toute l’étendue de l’avenir, Henri, le plus jeune des fils entendant qu’il ne lui revenait rien de la succession royale, se plaignit et dit au monarque en pleurant : « Et moi, mon père, que me donnez vous ? » Guillaume lui répondit : «  Je vous donne de mon trésor cinq mille livres d’argent. » Henri reprit : « Que ferai-je de ce don, si je n’ai pas de lieu pour habiter ? » Son père répartit : « Mon fils, contentez vous de votre sort et confiez vous dans le Seigneur, souffrez pacifiquement que vos frères aînés vous précèdent. Robert aura la Normandie, et Guillaume l’Angleterre. Quant à vous, vous aurez, lorsque votre temps sera venu, tout le bien que j’ai acquis, et vous surpasserez vos frères en richesses et en puissance. »

mort de Guillaume le Conquérant
Mort de Guilaume le Conquérant

Mort de Guillaume le Conquérant, Guillaume remet l'anneau royal à Guillaume le Roux..

Extrait BD série Epte Normannia tome 1. Dessin Darvil scénario Eriamel.

Mort de Guillaume le Conquérant, Guillaume annonce à Henri sa part d'héritage en argent. Extrait BD les Fils de Guillaume tome 1.

Dessin JM. Woehrel, scénario Eriamel

Naturellement Orderic ne loupe aucune occasion pour discréditer Robert Courteheuse, mais on peux également douter des paroles qu'aurait dit Guillaume à son fils devant son frère Guillaume. Dans un premier temps, la Normandie est hors contrôle d'une part parce qu'il faut un certain temps à Robert pour renter en Normandie, d'autre part de nombreux barons sont étonnés du choix du défunt roi à diviser son patrimoine. Un problème, beaucoup de barons possédaient des terres des deux côtés de la Manche, tout cela n'allait pas contribuer à une grande stabilité. Les soutiens de Robert tentent de renverser Guillaume, en vain. On peut penser que, dans ce conflit, Lanfranc primat d'Angleterre joua un rôle primordial, la révolte fut matée car Robert ne put arriver en Angleterre avant la reddition des rebelles. 

Henri a t'il tergiversé dans ce conflit, en échange d'une forte somme qu'il promis à Robert de Normandie, pour lever des troupes, il reçu le comté du Cotentin,  mais du prendre son temps pour remettre à Robert la somme demandée. Apparemment, il était resté neutre, pendant l'été 1090, il passa donc alors la Manche et rencontra son royal frère :

 Dans le courant de l’été, après qu’un bruit certain eut annoncé au-delà des mers la reddition de Rochester, Henri Cliton, comte du Cotentin, passa en Angleterre, et réclama, de Guillaume le Roux, les possessions de leur mère. Le roi le reçut avec bonté, l’accueillit comme il convient à un frère, et lui accorda fraternellement tout ce qu’il demandait. Ayant obtenu l’objet de son voyage, Henri fit ses adieux à Guillaume pendant l’automne, et se disposa à retourner en Normandie avec Robert de Bellême, qui, par l’entremise de quelques amis puissants, avait fait la paix avec le roi. Cependant quelques artisans de discorde prirent les devants, et, mêlant le mensonge à la vérité, annoncèrent au duc Robert que son frère Henri et Robert de Bellême avaient traité avec Guillaume le Roux, et, au préjudice du duc, s’étaient liés par les obligations du serment."

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Henri intrigue déjà, dès cette époque, même si O. Vital, cite des artisans de la discorde, la véracité des faits est partiellement quelque part à trouver dans ce témoignage, Henri est adroit après avoir récupéré le Cotentin, il récupère également des possessions en Angleterre.

 

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Robert Courteheuse et Henri Beauclerc.

Lanfranc meurt le 10 mai 1089. Dès lors plus rien ne retient le roi Guillaume le Roux de lorgner sur la Normandie :

"…Le premier des Normands, Etienne d’Aumale, fils d’Eudes, comte de Champagne, s’attacha au roi, et, aux frais de ce prince, fortifia beaucoup un château qu’il possédait sur la rivière d’Eu, dans lequel il plaça une garnison pour le roi contre le duc Robert. Girard de Gournai ne tarda pas à l’imiter. Il livra à Guillaume la ville de Gournai, le Ferté, Gaille-Fontaine ainsi que ses autres places fortes, et s’appliqua à engager ses voisins dans le parti du roi. Ensuite Robert, comte d’Eu, Gautier Giffard, Raoul de Mortemer, et presque tous les seigneurs qui habitaient au-delà de la Seine jusqu’à la mer s’unirent aux Anglais, et reçurent du roi des sommes considérables pour fortifier leurs places d’armes et de soldats... Les citoyens de Rouen, séduits par les présents et les promesses du roi, s’occupèrent même de changer de prince, et résolurent de livrer au roi la capitale de la Normandie... L’auteur de cette conspiration était Conan, fils de Gislebert Pilet, qui, comme le plus riche de la ville, avait une grande influence. Il avait fait avec le roi un accord pour lui livrer la ville," 

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A l'automne 1090, Henri, sans doute parce qu'il ne peut pas voir son frère Guillaume prendre un avantage considérable, va cette fois, s'allier au Duc Robert : "Quand le duc eut découvert la grande conspiration machinée contre lui, il appela auprès de sa personne les amis en qui il se confiait. Alors il fit un traité d’amitié avec son frère Henri et avec quelques autres qui s’étaient éloignés de lui, et fit connaître promptement sa position fâcheuse à Guillaume, comte d’Evreux, à Robert de Bellême, à Guillaume de Breteuil, à Gislebert de l’Aigle et aux autres seigneurs qui lui étaient restés fidèles. En conséquence, Henri fut le premier à venir au secours de son frère ainsi qu’à lui amener du renfort, et ensuite il exerça une rigoureuse vengeance contre le traître ..."

 Extrait BD les Fils de Guillaume tome 1.

Dessin JM. Woehrel.

Henri se montre alors un autre pan de sa personnalité, un être au sang froid, implacable avec ses adversaires : 

" Quand à Conan, il fut, par les vainqueurs, traîné à la citadelle : Henri le conduisant sur la plate forme de la tour, lui tint ce discours ironique pour l’insulter : « Vois d’ici, Conan, quel beau pays tu as essayé de soumettre à ta puissance. Au midi s’offre à tes regards un parc délicieux ; voici une contrée couverte de bois qui abonde en bêtes sauvages ; voici la Seine, fleuve poissonneux, qui mouille les murs de Rouen, et amène ici journellement des vaisseaux chargés de toutes sortes de marchandises. De cet autre côté, considère une cité populeuse, remarquable par ses murailles, ses temples sacrés et ses maisons : elle commande à bon droit depuis les temps anciens à toute la Normandie. ..

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Henri Beauclerc châtie Conan, l'auteur de la révolte contre le duc Robert Courteheuse en 1090 à Rouen.

.Extrait BD les Fils de Guillaume tome 1.

 Dessin JM. Woehrel, scénario Eriamel

Conan, effrayé des insultes ironiques de Henri, se mit à gémir, et, en suppliant, implora sa clémence en ces termes : « Seigneur je suis, à la vérité, condamnable pour mon propre crime, mais je vous demande grâce au nom de Dieu, créateur de toutes choses. Pour ma rançon, j’offre à mon maître tout l’or et l’argent que je pourrai trouver dans mes trésors, ainsi que les biens de mes parents, et, pour racheter la faute de mon infidélité, je lui serai fidèle jusqu’à la mort. » Henri lui répondit : « Par l’âme de ma mère ! Il n’y aura aucune grâce pour le traître ; il va recevoir promptement la mort qui lui est due. » Alors Conan gémissant, cria à haute voix : « Pour l’amour de Dieu, permettez-moi de me confesser. » Mais Henri impatient de venger l’injure faite à son frère, frémit de courroux, et méprisant les supplications du malheureux, le poussa de ses deux mains, et le précipita à la renverse par une fenêtre de la tour."

Ce qu'Henri n'a pas prévu, c'est la réconciliation, du moins en apparence des ses deux frères, fin janvier 1091et restèrent ensemble pendant près de six mois. C'est à ce moment là que : " Henri qui avait de grands sujets de plainte contre chacun de ses frères et réclamait une partie des amples possessions de son glorieux père, mais qui n’avait pu rien obtenir de leur ténacité opiniâtre, rassembla des Bretons et des Normands, fortifia Coutances, Avranches et d’autres places, et se prépara de tous ses moyens à la guerre. Cependant Hugues, comte de Chester, et quelques-uns des partisans de Henri, mettant en parallèle sa pauvreté avec les grandes richesses et la puissance effrayante du roi Guillaume, abandonnèrent cet illustre fils de roi au milieu des embarras de la guerre, et livrèrent au roi les places qu’ils tenaient. Au milieu du carême, le roi Guillaume et le duc Robert assiégèrent le Mont Saint Michel, y encerclant leur frère Henri. "

Nous avons des textes multiples de ce siège au Mont saint Michel (O. Vital, Guillaume de Jumièges, R. Wace, Dom Jean d'Huynes).[1]  Il semble que l'attitude des Ecossais au nord de l'Angleterre, rappela en Albion le roi Guillaume. Ce que l'on sait c'est que "Henri ayant rendu ses places fortes passa par la Bretagne, remercia les Bretons, qui seuls l’avaient secouru, et gagna ensuite la France, dont il se trouvait voisin. Ce noble exilé resta près de deux ans dans le Vexin, où il changea plusieurs fois d’asile. Il vécut sans éclat, en se contentant d’un seul chevalier, d’un seul clerc et de trois écuyers…"

[1] Ces textes sont présentés dans le cahier pédagogique de la BD "Les Fils de Guillaume l'Héritage".  

Le jeune Louis rencontre t'il le prince Henri à cette occasion, peut-être quand on sait ce qui se passa quelques années plus tard à la tour de Londres. A cette époque là, le prince Louis n'a que 10 ans, trop jeune pour jouer un rôle, mais suffisamment âgé pour se rappeler des choses.

Ce moment est également, l'occasion pour Robert de Normandie, de porter son ost en renfort auprès du roi d'Angleterre, manière de rappeler au bon roi anglais auquel il a accordé quelques fiefs en Normandie que lui même doit avoir sa part en Angleterre. En Septembre 1091, le duc Robert vogue pour l'Angleterre. Il réussit à rétablir la paix entre Guillaume et Malcolm et reviendra en Normandie de la même année peu avant Noël.

Pendant ce Temps Henri est rentré en Normandie et : 

L’an de l’incarnation du Seigneur 1092, Henri, fils du Roi Guillaume, s’empara, avec l’aide de Dieu et le secours de ses amis, de la ville de Domfront, d’où il s’occupa de réclamer fortement ses droits héréditaires.

Orderic Vital développe Enfin les gens de Domfront, par la permission de Dieu, eurent compassion des peines de cet illustre exilé : après avoir dépêché Harecher [2], pour le faire venir de France, ils le reçurent avec de grands honneurs, et ayant secoué le joug de Robert de Bellême, qui les avait longtemps opprimés, ils nommèrent Henri leur prince.

Guilaume de Jumièges (liv. VIII, chapitre IV) écrit : Or le roi Guillaume étant retourné en Angleterre,  Henri se hâta, du consentement du roi son frère et avec les secours de Richard de Revers et de Roger de Magneville, de prendre possession en majeure partie du comté de Coutances, qui auparavant lui avait été frauduleusement enlevé. Et comme dans cette affaire, ainsi que dans toutes les occasions où il en avait eu besoin, Hugues, comte de Chester, lui était demeuré fidèle, Henri lui fit concession intégrale du château que l’on appelait Saint Jacques…

[2] peut-être Achard : Un chevalier du domfrontais, Achard, apparaît en 1026 au bas d'une charte de l'abbaye de Lonlay. 

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Louis 

C'est à peu près à cette période que les ennuis commencent pour Louis. Son père Philippe tombe follement amoureux de Bertrade de Montfort. Revenons un peu en arière, En 1089, âgée de dix neuf ans, Bertrade épouse Foulques, comte d’Anjou. Il est bien plus âgé (46 ans) qu’elle et a déjà été marié plusieurs fois ; son humeur querelleuse lui a valu le surnom de Réchin (« qui rechigne »). En mai 1092, à Tours, Bertrade rencontre le roi Philippe Ier . Calcul ou passion, elle lui déclare sa flamme et lui confie sa crainte d’être répudiée par Foulques : « Vers ce temps-Ià, sous l'année t092 , arriva en France un événement scandaleux qui mit le trouble dans le royaume. La Comtesse d'Anjou, Bertrade, craignant de se voir traitée par son mari comme l'avaient été, avant elle, deux autres qu'il avait eues, et d'être rejetée par lui comme une vile courtisane, persuadée, d'ailleurs, qu'elIe avait assez de beauté pour plaire au Roi, et assez de noblesse pour prétendre au titre de Reine, lui envoya un message, et lui découvrit la passion qu'elle avait dans le cœur : aimant mieux, disait-elle, abandonner son mari pour en épouser un autre, que d’être abandonnée par lui, et couverte d'ignominie. Le Roi ne fut pas insensible à cette déclaration d'une femme voluptueuse ; il consentit au crime et reçut Bertrade avec empressement, dès qu'elle arriva en France. Quant à sa propre femme, fille de Florent Duc des Frisons, Princesse noble et vertueuse, qui l'avait fait père de Louis et de Constance , il la renvoya, et il épousa Bertrade, qui avait demeuré près de quatre ans avec le Comte 0'Anjou.» (O. Vital). 

"C'était la veille de la Pentecôte, dans l'église Saint Jean, pendant que les chanoines de Saint Martin faisaient la bénédiction des fonds baptismaux, que Philippe, roi de France, enleva à Foulques le Rechin son épouse, sœur d'Amaury de Montfort qui lui donna deux fils, Philippe et Flore. [3] Mais le roi avait eu auparavant de sa première épouse Louis le Gros : C'est pourquoi la France (comprendre ici le domaine royal) fut mise sous l'interdit." (Anonyme, Chronique de Tours)

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[3] Fleury 

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Miniature des Grandes Chroniques de France, Bertrade_de_Montfort_et le roi Philippe.

Philippe et Bertrade en habits royaux (au centre) au pied de la tour où est recluse Berthe, Foulques essayant de retenir Bertrade (à droite).

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Miniature tirée des Grandes Chroniques de France, manuscrit sur vélin, XIVe siècle, fol. 271 ro, Londres (Angleterre),

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On a là un fabuleux coup de foudre, Bertrade est jeune et belle et Philippe est dans le force de l'âge (40 ans). il faut dire ici que auparavant, la jeune Bertrade avait été "offerte" par Guillaume d'Evreux, oncle de la jeune fille, à Foulque, suivant un curieux troc : Foulque renonçant au Maine au profit du duc de Normandie qui consentait à son tour à restituer au comte d'Evreux des biens confisqués (le comte d'Evreux étant l'oncle de la jeune fille) : "Or le Duc, tout bien considéré, aima mieux accorder ce qui était de moindre valeur, que perdre le Comté du Maine, bien plus important que ce qu'on demandait.  II consentit donc à rendre à Guillaume d'Evreux et à son neveu Guillaume de Breteuil les bien réclamés"

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Le scandale causé par ce couple doublement adultère suscite la colère de l’Église, notamment d’Yves, évêque de Chartres. Qu’importe, et quoique qu'en écrivit Orderic Vital, l'union entre Philippe et Bertrade est célébrée par un évêque dévoué en 1093, Les chroniqueurs divergent sur le nom des officiants. Guillaume de Malmesbury cite l'Archevêque de Rouen (Guillaume Bonne-Âme) : "Philippe était si peu considéré des évêques de sa province, qu'il ne trouva, pour lui donner la bénédiction nuptiale, que l'archevêque de Rouen, qui, en punition de sa témérité, fut long-temps interdit de ses fonctions épiscopales. »

Pour O. Vital :" Ce fut Odon, évèque de Bayeux, qui fit ce mariage détestable et qui pour prix de sa funeste complaisance fut mis pour quelque temps, en possession des églises de Mantes, car il ne se trouva en France aucun évêque qui voulût bénir un pareil mariage."

C'est enfin Ursion, évèque de Senlis, que le Pape Urbain II accuse nommément de cette prévarication. Dans une lettre aux
évêques de la province de Reims adressant la parole à l'archevêque Renaud du Bellay :
« C'est vous qui êtes responsable de ce qui a été fait, parce que l'évèque de Senlis qui, à ce qu'on dit, a approuvé cet adultère public en accordant aux conjoints la bénédiction nuptiale, est, comme suffragant soumis à votre juridiction. II est d'autant plus coupable qu'il n'aurait pas dû suivant les canons la donner à des bigames quand même ils auraient pu se marier légitimement. »

Il y a à boire et à manger là dedans, l'évêque Odon est honni par Orderic Vital. Il semble que les conditions du mariage de Bertrade aient donné lieu à un débat parmi les prélats. Sans doute tous les évêques nommés ont consenti au mariage, que certains y ont assisté et enfin que d'autres y ont officié. (il n'y a pas qu'un évêque à un mariage royal). 

En 1093, Berthe décède au château de Montreuil où elle est enfermée.
C'est également en 1093, que 
le couple a un premier enfant : Philippe, Le premier fils que le roi a eut avec la reine, Bertrade, à cette époque, Louis, le premier fils du roi est âgé de 12 ans. 

 Morts dans la New forest, 

Accidents de chasse ou pas ?

 

Deux fils et l'un des petits fils de Guillaume le Conquérant sont morts d'accidents de chasse qu'il est légitime de se poser la question.

En 1074, Richard second fils de Guillaume meurt d'un accident de chasse dans la "New Forest" accroché par la gorge à un fourche de branche d'arbre quand son cheval passait dessous (Guillaume de Malmesbury)

Le fils de Robert Courteheuse en 1100, alors que le bruit de la prise de Jérusalem parvient à Guillaume le Roux avec l'annonce du retour du Duc Robert. "Alors, vers les Rogations,[4] un lugubre événement al'riva dans la' Forêt Neuve. Pendant que les chevaliers de la cour du Roi s'exerçaient à la chasse, et cherchaient à, atteindre a coups de flèches des daims ou des cerfs, un chasseur tira sur un de ces animaux, et frappa par malheur Richard, jeune homme distingué , fils du duc Robert. Richard tomba mort a l'instant même" raconte O. Vital, nous apprenons là, également, les noms des deux fils naturel de Robert Courteheuse : Guillaume et Richard. 

Le peuple attribua ces incidents à une malédiction divine, Guillaume le Conquérant avait en effet rasé des villages entier pour se réserver un territoire de chasse à sa dimension.

Quelques mois plus tard, le 2 Août, "tout à coup un animal s'étant jeté parmi eux, le Roi
quitta sa place, et Gaultier tira sa flèche. Ayant rasé les soies du dos de l'animal, la flèche· vola rapidement et blessa mortellement le Roi, qui se trouvait à portée. Ce prince tomba aussitôt par terre, et malheureusement expira sur l'heure."
(O. Vital, liv. X.)

Aussitot, après les faits, henri galopa jusqu'au château de Winschester où le trésor royal était enfermé, et s'en fit remettre les clefs. Après des palabres, Henri parti à Londres avec Robert de Meulan et se fit couronner Roi, le dimanche suivant.

Courant Septembre Robert Courteheuse arrivait en Normandie ...

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[4]  dimanche et les trois jours précédant immédiatement le jeudi de l'Ascension, (6 au 10 mai 1100)

En 1100, en effet dans les cours européenne, on connait la nouvelle, on sait également que Courteheuse est sur le chemin du retour au point que Guillaume le Roux propose à Guillaume de Poitiers, comte de Poitou et Duc d'Aquitaine d'engager ses terres contre la remise d'une forte somme pour équiper son armée en vue des croisades. Orderic Vital affirme : "...projetant, lorsqu’il aurait passé la mer, de se tenir prêt, en armes comme le lion sur sa proie, à défendre à son frère l'entrée de la Normandie, à faire l'achat, à grands frais, du duché d'Aquitaine, et à porter les frontières de son Empire jusqu'au rivage de la Garonne, après avoir vaincu dans les combats tous ceux qui s'opposeraient à ses vues."

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C'est dire qu'il y a urgence, et Henri le frère du roi doit penser de même.

Vivant dans l'ombre de son frère il est sans doute au m^me point dans sa réflexion, seulement, il demeure un obstacle de poids, les intérêts des affaires du duc de Normandie sont défendu par Richard, fils naturel du duc... Une chance, à moins que cela soit déjà la première partie d'un plan élaboré, Le jeune Richard disparaît dans un accident de chasse au mois de mai. Trois mois plus tard, alors qu'il chassait le Roi d'Angleterre succombe également dans la forêt neuve.

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On ne saura jamais si il y eut deux crimes, deux accidents, ou un premier accident donnant l'idée au crime qui suivit. Les historiens sont divisés sur le sujet, toutefois on notera la promptitude d'Henri à usurper la couronne qui revenait à son frère.

Mort de Guillaume le Roux -  death of William rufus - New Forest 2 August 1100

Henri Beauclerc devient roi d'Angleterre

extrai du tome 2 de la série BD "les Fils de Guillaume"

dessin JM. Woehrel scénario Eriamel 

Prise du royaume d'Angleterre par Henri Beauclerc au mois d'Août 1100

" ...le trépas du prince fit retentir la forêt d'horribles clameurs. Henri courut à toute bride au château de Winchester, où était renfermé le trésor royal, dont, comme. héritier légitime, il exigea, par son ordre suprême, qu'on lui remît les clefs. Guillaume de Breteuil, tout essoufflé, arriva au même lien, et s'opposa adroitement aux entreprises de Henri. « Nous devons, dit-il, nous rappeler soigneusement la foi que nous avons promise à votre frère Robert. En effet, il est le fils aîné du roi Guillaume; vous et moi, mon seigneur Henri, rendons-lui hommage. Aussi devons-nous lui garder fidélité en toutes choses, absent comme présent. Depuis longtemps il travaille péniblement pour le service de Dieu, qui lui rend, sans coup férir, avec la couronne de son père, le duché que comme pèlerin il avait quitté pour l'amour du Ciel. "
Au milieu de cette altercation, la discussion s'aigrit de toutes parts il s'assembla une grande multitude d'hommes, et la vigueur de l'héritier présent qui réclamait son (droit se déploya fortement. Henri mit avec vivacité la main il la garde de son épée, la tira du fourreau, et ne permit point, par un vain retard, q!u'aucun étranger s'emparât du sceptre paternel.
Enfin, des amis et de sages conseillers s'étant réunis, la dispute se calma de part et d'autre.. D'après une prudente détermination, de peur qu'une scission fâcheuse ne s'élevât, on remit le château avec le trésor royal aux mains de Henri.

... la soldatesque, des hommes perdus, de viles courtisanes gaspillèrent cet or à la mort du prince débauché : ils pleurèrent sa fin. misérable et cherchèrent avidement Gaultier Tyrrel , qu'ils voulaient lmettre en pièces comme auteur de la mort de son maître.
Mais celui-cii, après avoir consommé son attentat s'enfuit précipitamment vers la mer. Ayant passé le détroit, il se rendit dans les forts qu'il possédait en France...

Cependant Henri se hâta de se rendre à Londres avec Robert, comte de Meulan. Le dimanche suivant, il prit la couronne royale à Westminster, dans l'église de l'apôtre Saint-Pierre: il y fut consacré par le vénérable Maurice, évêque de Londres, car Anselme, archevêque de Cantorbéry, se trouvait, comme nous l'avons dit, en exil dans les contrées étrangères. Quant à Thomas, archevêque d'York, il était mort récemment, et son siège métropolitain était encore vacant. Henri était âgé de trente ans. (O. Vital , LIV. X.)

​

Tout cela semble bien préparé, le frère aîné absent, des partisans en nombre, enfin deux prélats importants absents, la fuite facilitée pour Gaultier Tyrell,[4]   toutes les conditions sont rassemblées pour permettre à Henri de prendre  le pouvoir. Prise de la couronne pour Henri, mais aussi ascension dans le sillage du nouveau roi d'une nouvelle classe de hauts barons, Robert de Meulan devenant le premier d'entre-eux.

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Naturellement l'affaire ne devait pas en rester là... voir encadré

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[4]  Gaultier Tyrell se retrouve, peu après, dans l'entourage de Louis le Gros

signataire d'une charte datée de fin Août 1106 ou début septembre confirmant

la liberté de l'abbaye de Fleury. (Annales de Luchaire)

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Premières rencontres entre Henri Beauclerc et Louis le Gros
 

Plusieurs chroniqueurs indiquent une visite du prince Louis au roi Henri : 

Siméon de Durham (travaux historiques, histoire des rois) indique : A.D.1101 - Le roi Henri tenait sa cours à Londres le jour de Noêl, et Louis, l'héritier du roi des Francs était présent. Ce fait est également indiqué par Roger de Hoveden dans ses annales.

Y a t'il eut une ou deux visites de Louis à Henri, On peut pencher pour la deuxième hypothèse, Car O.Vital s'il ne mentionne pas celle de 1101 (ou 1100) nous indique une toute autre période de l'année 

Orderic Vital (liv. XI.) nous l'indique en 1103, après avoir décrit d'autres événements survenus cette année là et peu après la mort de Magnus III de Norvège, donc vers le mois de Septembre :

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Dans le même temps: le jeune Louis passa en Angleterre de l'aveu de son père avec un petit nombre de personnes sages, et se rendit à la cour du roi Henri, pour le servir en débutant brillamment dans la carrière militaire. Ce jeune prince fut reçu honorablement comme fils de roi par Henri, et fut par lui traité avec bonté dans toutes les circonstances. Cependant un messager de Bertrade, belle-mère de Louis, le suivit à la trace, et remit au Roi des dépêches signées du sceau de Philippe, roi des Français. -Henri, qui était lettré, en prit lecture; puis convoqua son conseil, et s'y occupa long-temps de cette affaire avec beaucoup de soin. En effet, il avait lu que le roi de France lui mandait de faire arrêter son fils Louis, qui s'était rendu à la cour d'Angleterre, et de le garder en prison toute sa vie. Le sage Henri discuta habilement avec ses fidèles barons tout ce qu'il y avait d'absurde et d'inconvenant dans la lettre que le roi des Français lui adressait à l'instigation d'une femme insolente, et repoussa bien loin de lui et de tous les siens une action si criminelle à tous égards. Guillaume de Buschelei, chevalier prudent qui accompagnait louis, découvrit ]a chose qui était encore secrète. En conséquence, comme par plaisanterie, il se présenta, sans y être invité, au milieu du conseil. Aussitôt le roi Henri le chargea d'engager Louis tout doucement à se retirer en paix, et le fit reconduire en France, lui et sa suite, après les avoir honorés de grands présents.

Orderic nous donne ensuite des informations intéressante, on comprend mieux pourquoi, redevable de la vie du prince, lui-même couvert de présents, le roi des Francs n'intervint pas lorsque Henri Beauclerc engagea plusieurs campagnes pour prendre la Normandie à son vassal auquel il aurait dû porter assistance. Il nous informant également que Louis devient comte du Vexin (français) :

 

Louis, ayant ainsi découvert la perfidie de sa belle-mère, se rendit en courroux auprès de son père, et lui rapporta les choses cruelles qu'il avait découvertes dans le pays étranger pal' ses dépêches. Le roï, ignorant cette criminelle trahison, nia tout dans cette affaire, et le jeune prince enflammé de colère conçut le désir de tuer Bertrade ; mais elle s'occupa par divers moyens à le prévenir de cette tentative. Ayant fait venir trois sorciers qui appartenaient au clergé, elle leur donna une grande récompense pour qu'ils fissent périr le prince. Ils commencèrent à se livrer pendant quelques jours à des maléfices secrets, et promirent a cette adultère cruelle la mort de son ennemi, s'ils pouvaient terminer leurs coupables opérations d'ici à la neuvième journée. Sur ces entrefaites, l'un d'eux révéla les maléfices de ses complices : tous deux furent arrêtés et, par la volonté de Dieu, leur manœuvre imparfaite avorta. Ensuite l'audacieuse marâtre employa des empoisonneurs, les tenta par la promesse de grandes récompenses, et fit donner du poison au fils du Roi. Il en résulta que l'illustre jeune homme tomba malade, et pendant quelques jours, ne put ni manger ni dormir.
Presque tous les Français étaient désolés du danger que courait l'héritier naturel de leur Roi. Enfin les médecins de la France ayant épuise leurs talents, un certain homme, a demi sauvage, se présenta, et se mit à exercer, sur le malade désespéré, tous les moyens de son habileté médicale : avec la permission de Dieu, il réussit malgré la jalousie des médecins du pays, Cet homme avait demeuré longtemps parmi les Païens; il y avait subtilement appris les profonds secrets de la physique de quelques maîtres qu'une longue étude de la philosophie avait élevés, dans la connaissance des choses, au dessus de tous les sophistes barbares. Enfin le fils du roi se rétablit; mais il resta pâle tout le reste de sa vie. La marâtre gémit beaucoup de voir la convalescence de son beaufils : la crainte qu'elle éprouvait a cause des maux qu'elle lui avait autrefois suscités, excitait sa haine, qui chaque jour s' aigrissait davantage. C'est pourquoi elle avait vivement travaillé à la perle du prince, et s'en était occupée avec une grande ardeur, en employant plusieurs complices de son iniquité, afin que, délivrée e de la crainte de celui qu'elle avait offensé, elle triomphât sur le trône, et s'occupât, s'if venait à mourir, à y placer avec plus de sécurité ses fils Philippe et Fleury. Le Roi suppliant implora son fils en faveur de Bertrade, lui demanda le pardon des crimes commis par celle coupable marâtre, promit qu'elle se corrigerait, et pour gage de la réconciliation lui céda Pontoise et tout le Vexin. D'après l'avis des prélats et des barons qu'il reconnut pour lui être assez favorables, et par respect pour la majesté paternelle, Louis accorda le pardon. Bertrade, voyant ainsi son crime découvert, trembla d'effroi, couverte de honte et se soumettant comme une servante, elle obtint son pardon, et bien malgré elle cessa de nuire au prince, auquel elle avait suscité tant de maux. "
  

Après le 30 juillet 1104 et l'assemblée de Beaugency, Bertrade prendra le voile.

Troubles en Europe.

A cette date en Angleterre rien ne va plus. Guillaume est tombé malade, rapatrié à Gloucester et il y reste durant tout Pâques. Pensant être sur le point de mourir, il fait une confession à Anselme, l'abbé du Bec et propose à ce dernier l'archevêché de Cantorbéry, qu'il maintenait vacant depuis la mort de Lanfranc en 1089, À l'automne de la même année, Malcolm III d'Écosse envahit à nouveau l'Angleterre, Il fut pris dans une embuscade par Robert de Monbray , comte de Northumbrie, dont il dévasta les terres le 13 novembre 1093 près de Alnwick, tué par Arkil Morel, intendant du château de Bamburgh . Il semble que la période 1093-1095 soit propice à de nombreuses révoltes. 

Orderic Vital nous informe : "L’an de l’incarnation du Seigneur 1094, la révolte fut étouffée en Angleterre, et le puissant Guillaume, n’ayant plus de résistance à craindre, fut affermi sur le trône de son père. Mais la Normandie était déplorablement troublée, ses habitants étaient partout en proie aux désordres et aux alarmes, et le duc Robert se rendait méprisable à cause de sa mollesse au milieu des ravages exercés par les séditions."  

Pourtant le duc participe, avec le roi de France, à une opération punitive contre Ascelin Goel qui s’est rebellé contre son suzerain Guillaume de Breteuil. L’armée du duc assiège Bréval, 

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"Enfin, lorsqu’il vit armés contre lui des princes aussi grands que braves, il demanda  la paix à son seigneur, qui était son beau-père, et l’obtint de Guillaume de Breteuil, que cette demande combla de joie. Alors, après avoir longtemps vexé des rois et des ducs, Goel rendit honorablement la forteresse d’Ivri…La paix ayant été conclue entre ces ennemis acharnés, Robert de Bellême conserva seul son courroux au milieu de la satisfaction générale, parce que de peur qu’il ne mit des obstacles à la paix, on ne l’avait point appelé aux conférences quoiqu’il eut été l’un des premiers dans les entreprises belliqueuses, ardent à subjuguer un ennemi atroce et arrogant. "

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Ce qu'Orderic Vital oublie d'écrire, voulant démontrer la faiblesse du duc appelant à l'aide le roi Philippe c'est que la forteresse de Bréval se situe pile poil à la limite de la Normandie et du domaine Royal, Ce qui explique la présence de ces deux princes ensemble pour ramener le calme dans la contrée.

Il semble d’ailleurs que ces troubles ne se rapportent pas seulement à la Normandie. Comme nous l’avons évoqué, Guillaume le Roux a été obligé de pacifier l’Angleterre, et notre chroniqueur nous donne une autre information :

L’an de l’incarnation du Seigneur 1094, les séditions et le tumulte des guerres agitaient la presque totalité de l’univers…

En 1095  Philippe 1er venait d'avoir un deuxième fils avec Bertrade : Fleury. 

Le pape Urbain vint en France, un concile est réuni le 18 novembre 1095 à Clermont Ferrand. Ce concile décide de la croisade, mais Urbain II, voyant que le roi ne s'y est pas présenté, confirma l'excommunication du roi.

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                                               Il ne sera pas évoqué ici les événements de la première croisade 

                                  voir notre onglet https://www.assorhistoire.com/robert-courteheuse-premiere-croisa

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L'émancipation des princes

L

C'est à peu près à cette date que les deux hommes vont commencer à s'affirmer, au moment ou Guillaume le Roux, régent de Normandie tente de prendre le Vexin français, "héritage de son Père" Le prince Louis, devenu comte du Vexin va affronter Guillaume le Roux autour de Chaumont en Vexin, nous sommes en 1097, comme nous l'indique Orderic Vital : L'an de l'incarnation du Seigneur 1097 , Guillaume- le-Roux, ayant étudié les événements de la vie de son père et les motifs de ses guerres, réclama de Philippe, roi des Français, tout le pays du Vexin, et demanda les forteresses renommées de Pont-Oise, de Chaumont et de Mantes. Comme les Français n'acquiescèrent pas à la demande de Guillaume, mais se disposèrent avec ardeur à repousser vigoureusement ses prétentions, une grande guerre s'éleva entre deux peuples très fiers ...Guillaume, avec de pareilles troupes, n'eût pas craint assurément d'essayer de près ses forces et le courage de ses'chevaliers. Robert de Bellêmc était le chef de son armée : il jouissait d'une grande faveur auprès du Roi et l'emportait par son habillité...

O. Vital (liv. X) nous signale également la présence d'Henri Beauclerc dans l'expédition : L'illustre comte, frère du roi, Guillaume, comte d'Evreux, Hugues comte de Chester, Gaultier Giffard comte de Buckingham et plusieurs autres chefs et capitaines conduisaient l'armée anglaise...

Un jour que les Normands avaient attaqué les Français, et que ceux-ci se présentaient bravement aux combat, Thibault-Pains de Gisors, Gaultier d'Anfreville et Gérold de Bremoi furent faits prisonniers, le haut prix de leur rançon anima les Français, peu riches, à marcher au combat Robert de Maudetour, Odmont de Chaumont, Gaubert de Bourrit, Richard son frère, fils de Herbert de Sérans commandaient les troupes du Vexin... Un jour comme les troupes du roi d'Angleterre dévastaient les environs de Chaumont... Les. Français s'emparèrent de Gilbert de L'Aigle et  de  plusieurs autres personnages d'une grande noblesse, tandis que de leur côté, les Anglais firent prisonniers Pains de Montgai ainsi que plusieurs autres... " 

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En comparant avec les faits sans date relaté par Suger, le nom de quelques prisonniers de renom, cet affrontement correspond à la première action militaire du prince Louis : ... Louis, fils du magnifique roi Philippe...faisait naitre d'agréables espoir pour la protection des églises et des pauvres... Une valeur croissante mûrissait vigoureuse dans son cœur de jeune homme.Il ne pouvait s'en tenir aux amusements de la chasse et aux jeux enfantins auxquels il est d'usage qu'on s'ébatte à cet âge sans apprendre à manier les armes. Tandis qu'il se trouve en butte aux attaques de plusieurs hauts barons du royaume et du très grand roi d'Angleterre... En de telles rencontres on se faisaient beaucoup de prisonniers des deux côtés. Entre autres que prirent ainsi le jeune et ronommé prince et ses gesns, il y eut Simon, Gilbert de l'Aigle, noble baron, également illustre en Angleterre et en Normandie, Païen de Gisors, en faveur de qui fut pour la première fois fortifié le château. De son côté, le roi d'Angleterre retint captifs le vaillant et noble Mathieu de Beaumont, l'illustre et très renommé baron Simon de Montfort et moseigneur Païen de Montjay...

Que fait Louis dans le Vexin, car Louis est bien dans le Vexin, contrairement à ce que prétend O. Vital. Suger a tout lieu d'écrire précisément sur la vie de l'homme qu'il va côtoyer plusieurs années. A l'inverse, ne donnant pas de dates, il le rajeunit au moment des événements, il n'a pas 13 ans, mais 16,  lors des escarmouches dans le Vexin. Le prince Louis est armé chevalier par Gui de Ponthieu (Luchaire indique une lettre de Gui de Ponthieu à Lambert, évêque d'Arras).

Philippe, tout amoureux qu'il est de Bertrade, est toutefois lucide, s'il confie cette tâche à son fils, c'est sans doute pour éloigner Louis de Bertrade. C'est ce que nous apprendrons par les chroniques pour une période plus tardive.

Guillaume va abandonner la lutte pour la prise du Vexin français pour se consacrer, en 1098, à la reprise en mains du Maine... après avoir tenté une nouvelle fois de prendre Pontoise en septembre, Guillaume rentre en Angleterre, il sera toutefois un retour dans le Maine l'année suivante puis rentra en Angleterre à l'automne 1099.

Louis est associé à la couronne entre 1098 et 1100 avec le titre de roi désigné qui lui est attribué dans une assemblée de barons et de prélats.

Pendant ce temps, au moyen orient, son frère Robert vient de s'illustrer, le 15 juillet de cette Année Jérusalem est prise par les croisés. 

L'année suivante est celle où le prince Henri va enfin révéler sa véritable personnalité.

Le prince Louis le Gros défendant Chaumont en Vexin attaqué par Guillaume le Roux en 1097. chaumont _site.jpg

Le prince Louis défendant

Chaumont en Vexin.

 

Extrait de l'ouvrage BD

Normannia- l'Epte

tome 1, le sang de Rollon

 

Dessin Darvil

scénario Eriamel

Henri Beauclerc et Louis le Gros au pouvoir...


1106, après avoir lancé les hostilités en 1104 par une campagne de déstabilisation orchestrée par Robert de Meulan, Henri après une campagne militaire contrée par Robert Courteheuse en 1105, se voit obligé de rentrer en Angleterre. Il rançonne alors l'église d'Angleterre pour lever une armée l'année suivante.

Nous en revenons à l'encadré sur la mort de Guillaume le Roux. Luchaire nous informe :

D'une part que Louis a rendu visite à Gautier Tyrell à Pontoise en fin 1099 ou début 1100 (*)

D'autre part que  Gautier Tyrell est témoin d'une charte de Louis, datée de fin Août 1106 ou début septembre, confirmant la liberté de l'abbaye de Fleury. [4]

Louis et Henri n'avaient-ils pas un intérêt commun de se débarrasser du Guillaume le Roux, l'un pour se débarrasser d'un voisin voulant s'emparer du Vexin français, l'autre pour devenir roi. La question reste posée ?

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|[4] Cop. Arch. départ, du Loiret, cartul. de Fleuri A. f° 148; B. f° 282;
Bibl. d'Orléans, dora Chazal , Hist. S. Benedicti , II,

dans Annales de Luchaire

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(*) Cop. Bibl. nat., coll. du Vexin, 8, f° 233, d'après les archives de Saint-
Martin de Pontoise; français 16798, f° 246, d'après un cartul. de Saint-Martin; Arch. municipales de Pontoise, n° 1558 (ms. de dom Estiennot
sur V/Iist. de Saint-Martin de Pantoise, III , f** 26 , d'après le cartul. de
Saint-Martin de Pontoise, ch. n" 20).

dans Annales de Luchaire

Au mois de Mars de la même année, Louis assiste au mariage de sa soeur avec Bohémond, prince d'Antioche.

Peu avant Août, au cours de la visite de Philippe I à l'abbaye de Morigny, le roi fait la remarque à son fils, roi désigné (Philippe est malade, et Louis gère les affaires du royaume) qu'il fait une erreur en n'intervenant pas au secours du duc Robert de Normandie,

« Le roi [Philippe Ier] régnant, Henri, roi des Anglais était le fils de Guillaume le Grand, qui étant comte des Normands avait acquis le royaume d’Angleterre par la force militaire. Son frère Robert étant revenu de Jérusalem, [Henri] commença la guerre et, ayant fait prisonnier son frère, associa le comté [de Robert, c’est-à-dire le duché de Normandie] à son royaume. Louis, roi désigné et encore adolescent, trompé par le conseil de certains de ses proches parents (collatéraux), accepta que de telles choses soient ainsi gérées. Son père [Philippe], cependant, homme sage, le contredisant, lui prédit en présage par l’esprit le mal qui arriva ensuite..."

extrait de la Chronique de Morigny, traduction F.Neveux

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Henri venant en effet de débarquer, une nouvelle fois en Normandie. 

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Peu après Gautier Tyrell est dans l'entourage de Louis le Gros (voir note [4}] indiquée auparavant)

Au mois de Septembre, Henri captura son frère Robert, trahi par Robert de Bellême, lors de la bataille de Tinchebray au mois de Septembre qui suivit. 

Par le présence d'esprit du gendre de Robert de Normandie, le fils du duc, âgé de 4 ans, parvint à échapper aux griffes de roi d'Angleterre. 

En 1108, Louis le gros devint roi des Francs, 

"Philippe, roi des Français, tomba dangereusement malade, et, après de longues infirmités, voyant que sa mort· était prochaine, s'étant confessé fidèlement, il convoqua les grands de ses Etats, ainsi que ses amis, et leur parla en ces tenues: Je sais que.Ia sépulmture des rois français est à Saint-Denis,  mais, comme je sens que je suis un grand pécheur, je n'ose me faire inhumer au près du corps d'un si
grand martyr. Je çrains beaucoup qu'à cause de mes péchés, je' ne devienne la proie du démon, et qu'il ne m'arrive ce qui, suivant l'histoire, est arrivé à Charles Martel. Je chéris saint Benoît,  j''implore humblement ce tendre père des moines, et je désire être inhumé ans son église sur la Loire. .. Apres avoir terminé avec beaucoup de raison ce discours ... le roi !Philippe mourut la quarante septième année de son règne, le 4 des calendes d'août ( ~9 juillet), et fut inhumé, comme il l'avait désiré , dans le monastère de Saint Benoît de
Fleuri, entre le chœur et l'autel. Le dimanche suivant, Louis Thibaut son fils fut couronné à Orléans."

Les raisons du couronnement de Louis à Orléans sont indiqués par Suger, il semblerait que dans l'entourage de Bertrade, certains aient pensé à couronner à Reims, Philippe (15 ans), fils du roi et de Bertrade   "Âgé de près de soixante ans ... le roi rendit le dernier soupir au château de Melun sur Seine en présence de Monseigneur Louis... Le corps fut transporté en grand cortège au noble monastère de Saint Benoit sur Loire. C'était là que le roi Philippe avait exprimé le souhait d'être enterré...Son corps fut mis dans le dit monastère, devant l'autel, le plus convenablement possible....

Le prince Louis ayant dans sa jeunesse mérité l'amitié de l'église en la défendant généreusement, se trouvait ainsi avec le consentement de Dieu, amené au faîte du royaume suivant le vœu des prud'hommes et pour le plus gran malheur des méchants, dont les machinations l'en aurait exclu si la chose avait été possible. Réflexion faite, on décida, principalement de l'avis du vénérable et très sage personne, Yves,évêque de Chartres de se réunir au plus vite à Orléans pour déjouer la machination des impies et se hâter de pourvoir à son élévation au trône... L'archevêque de Sens Daimbert, invité avec ses suffragants [5] à savoir Galon évêque de Paris, Manassé de Meaux, Jean d'Orléans, Yves de Chartres, Hugues de Nevers. Humbaud d'Auxerre  arriva le jour (lundi 3 Août 1108) versa sur le front de monseigneur Louis la liqueur de l'onction très sainte.... 

Il n'avait pas encore déposé ses ornements de fête après la célébration de l'office divin quand brusquement, apparurent venant de l'église de Reims, des messagers d'une mauvaise nouvelle, porteurs de lettres de contestation et qui , sous le couvert de l'autorité apostolique, efficace s'ils étaient venus à temps, défendaient avec des menaces de procéder à la cérémonie de l'onction royale. Ils disaient que les prémices du couronnement du roi appartenaient de droit à l'église de Reims, que c'était du premier roi des Francs, clovis, baptisé par Saint Rémi qu'elle tenait cette prérogative entière et incontestée... leur venue tombait à contretemps..."

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[5] L'évêché de paris dépendait de la province ecclésiastique de Sens

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BD de la série

Henri Beauclerc se rend maitre de Gisors en 1108.

En 1109, cela commence dès le mois de Février. Moins d'un an après le couronnement de Louis, les deux hommes vont bientôt se retrouver adversaires. Le roi des Français Philippe, malade avait pourtant prévenu son fils Louis (roi délégué) que c'était une grave erreur de ne pas aller au secours de Robert de Normandie... et cela commence par un désaccord à propos de la forteresse de Gisors. La seigneurie de Gisors et de Bray appartenait à Thibaut Payen quand Guillaume le Roux choisit de construire une fortification..."C'est en cette occurrence qu'il extorqua le château de Gisors, tant par flatterie que par menaces. C'était un château très bien fortifié, placé par la nature dans une position avantaguese, à la limite commune de la France et de la Normandie, sur un fleuve qu'on appelle l'Epte et qui jadis d'un commun accord entre les Français et les Danois servit de cordeau d'alignement entre les français et les Danois. Il fournissait aux Normands un accès commode pour se jeter sur le France, tandis qu'il interdisait l'approche aux Français....Ainsi la revendication de ce château fomenta entre l'un et l'autre une haine subite. En suite de quoi le roi de France envoya vers son adversaire pour obtenir de lui qu'il rendit le château ou le ruinât, mais la démarche restât sans succès...

Et au début du printemps ...

Cependant des deux côtés, on avait rassemblé un ost considérable. Dès que l'on fut venu à un endroit communément appelé les Planches de Neaufles, auprès d"'un château malchanceux, où une antique tradition veut qu'on ne puisse presque jamais se mettre d'accord quand on s'y rencontre, l'ost s'établit sur la rive d'un cours d'eau qui coulant entre les deux parties ne permettait le passage à personne. Cependant, des Français choisis parmi les plus nobles et les plus sages, passèrent par un pont qui tremblait , menaçant par sa vétusté de la précipiter brusquement à l'eau... ils se dirigèrent vers le roi anglais... Un habile orateur parla en ces termes, au nom de ses compagnons, sans saluer le roi : " La généreuse libéralité du roi de France ayqnt octroyé à votre activité le duché de Normandie en fief propre, tenu de la main munificente dudit roi..." (Suger, Chap. XVI.)

L'orateur (ou l'auteur) par ces termes rappelle à Henri qu'il est le vassal de Louis et sous entend  que Louis attend également un hommage de la part d'Henri. Mais voilà,, Henri n'a pas l'intention de céder.
"Leur mission accomplie, ils n'étaient pas encore revenu ... que déjà des Normands qui les avaient suivis étaient là debout, niant sans vergogne tout ce qui pouvait compromettre leur cause... Alors avec ces messagers, on en envoya de nouveaux, plus considérables que le premiers , mission dont devait s'acquitter le comte de Flandre, Robert de Jérusalem, un champion hors pair...réfutant par la loi du duel, toute exagération de langage, de révéler par les armes à qui devait rester justice."

Louis Vi propose à Henri, ni plus ni moins qu'un duel, on évoque même que le duel ait lieu sur le pont branlant. Henri répondit : Quand je verrai, le seigneur roi en un endroit où je doive me défendre, je ne l'éviterait pas ! Suger nous informe que l’impossibilité de franchir la rivière calma les ardeurs des deux côtés, mais tôt dans la matinée qui suivirent les Français essayèrent de surprendre les Normands aux alentours de Gisors... en vain. D'après Suger les combats dans la région de l'Epte durèrent deux années. Curieusement, O. Vital ne les mentionne pas, il cite les campagnes de Louis VI contre Thibault de Chartres, le neveu du roi d'Angleterre que ce dernier soutenait d'autant plus que la pression sur la frontière Epte s'affaiblissait. Les guerres entre le comte de Chartres et le roi Louis sont d'ailleurs mentionnés par les deux chroniqueurs. Souvent Henri utilise des satellites ou d'importants vassaux, Si Thibaut de Chartres est comte palatin, vassal du roi des Francs, il n'en est pas moins le neveu de Henri. "C'est en exerçanl ainsi sa jeunesse que,Thibaut occupait assez le roi de France pout l'empêcher de nuire à son oncle le roi des Anglais,
en attaquant la. Normandie." 
(
O. Vital , LIV. XI.) D'où les situations parfois cocasses quand il arrive bon dernier dans l'ost que convoque Louis (voir plus bas).

​

C'est également à cette période que meurt Foulque d'Anjou, dit le Rechin. 

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1111. La guerre se poursuit entre les deux souverains, Il faut dire qu'en début d'année, vers le mois de Mars,  Louis a ravagé les terres de Robert, comte de Meulan. Un comté situé en plein territoire de Louis, mais vassal de Henri d'Angleterre. Profitant que le roi Louis soit à Melun pour organiser une réunion de prélats et barons contre Hugues du Puiset, Robert de Meulan, fait un coup de main sur l’île de la cité, coupant les ponts et ravageant le palais royal. 

Henri Beauclerc ne semble pas de son règne avoir tenté comme son frère de prendre une partie du Vexin français, par contre découvrant très vite les velléités de Louis sur le Vexin normand, il renforça sans cesse les forteresses le long de la rivière Epte. Il est facilité en cela par Louis appelé souvent à guerroyer en vallée de Chevreuse et du côté du Puizet. 

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Henri Beauclerc - Louis le Gros au pouvoir :
l'adversité pour le Vexin...

Extraits des BD L'epte tome 1 et tome 2

dessin Darvil, scénario Eriamel

pour agrandir cliquer sur les images

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Robert de Meulan attaque le palais royal à Paris
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Louis le Gros aux prises avec les gens du comte de Meulan.

Cliquez sur les images du haut jusqu'en bas pour découvrir l'histoire de l'attaque du palais royal à Paris par Robert de Meulan

et le retour de Louis le Gros...

Cela ne vous a t'il pas rappelé quelque chose.

Le film "les Visiteurs" s'est inspiré de ce fait.

Un texte émis par un chroniqueur un peu plus tardif expliquant

avec délectation ces événements.

1112, Robert se saisit de Robert de Bellême qui s'était présenté à lui comme ambassadeur de Louis. Cliquez ici pour ajouter votre propre texte et me modifier. Il semble que sa capture devait arranger également Foulque V d'Anjou, qui jusqu'à présent avait été au service du roi des Francs. Ensuite le Roi assiègea Alençon,qui se rendit
au bout de quelques jours; il laissa la liberté de se retirer à Godefroi... et aux autres chevaliers qui gardaient la citadelle; il fit tomber les fers de Hugues de médavi, et de deux autres chevaliers qui avaient été pris avec Rober'. Les Français , les Normands et leurs voisins quittèrent peu à peu les armes; et, peu de temps après, par entremise d'agents pacifiques, firent entre eux une paix, complète. En conséquence, Foulques, comte d'Anjou, se rendit dans l'Alençonnais pendant la première semaine du Carême. Il eut un entretien avec le Roi à la Pierre - Percée, lui jura fidélité , reçut de lui comme vassal le comté du Mans, et donna sa fille en mariage à Guillaume Adelin, fils du Roi. 'lors le roi Henri rendit le comté d'Evreux au comte Guillaume, qui, pendant quatorze mois, avait été eu exil chez les Angevins. II pardonna avec bonté à Amauri de Montfort et à Guillaume Crépin, qui l'avaient offensé. (O. Vital , LIV. XI.)

Le roi Louis vient de perdre un allié de poids. Aussi il n'a guerre d'autre solutions que de rencontrer Henri.

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En 1113, Enfin le roi Louis ayant éprouvé de plusieurs manières la magnanimité du roi Henri, sa grande habileté et sa bravoure, et méprisant les traîtres qui préféraient la révolte à la paix, désira avoir une entrevue avec lui, et résolut de faire une paix durable pour l'avantage de la sainte Eglise. C'est pourquoi les deux rois se réunirent à Gisors, dans la dernière semaine de mars; et, de part et d'autre, ayant juré la paix, ils s'unirent des liens de l'amitié, à la satisfaction générale. (O. Vital , LIV. XI.)

Les Faits sont corroborés par Suger : " Les grands du royaume et de religieuses personne prêtèrent la main à la conclusion de la paix entre le roi d'Angleterre, le roi de Gaule et le comte Thibaut"  Toutefois c'est au tour de O. Vital de noter que le roi de France désira avoir une entrevue, soulignant un peu, comme pour répondre à la notion de vassal, défendue par Suger que Louis est le demandeur... ensuite le lieu, près de Gisors, c'est à dire où auront lieu la plupart des entrevues entre le roi de France et celui d'Angleterre, à l'Ormeteau Ferré, au point que près d'un siècle plus tard, Philippe Auguste quand il aura pris la Normandie fera abattre l'arbre.

Henri Beauclerc sous l'Ormeteau ferré.
Louis VI arrive devant l'Ormeteau ferré.
extrait du traité conclu entre Henri Beauclerc et Louis le Gros en 1113 devant l'ormeteau ferré.
Louis VI le Gros et Henri Beauclerc s'entretiennent aux marches Normandes, près de l'ormeteu ferré.
Louis VI le Gros près de l'ormeteau ferré.

En 1114, Henri marie sa fille Mathilde  à Henry empereur des Romains (saint empire germanique), une paix fragile est préservée mais pendant ce temps chacun des deux rois fortifie ses forteresses. Louis le Gros entre autre à Chaumont, Henri Beauclerc à Gisors... et tout au long de la frontière Epte comme le mentionne pour les événements qui suivent Suger. Il nous signale pour sans donner de date que : "Le roi d'Angleterre et le comte Thibaut unis grâce à la contiguïté de la Normandie et du pays de Chartres, concertent une attaque, en même temps ils font passer avec son ost, à savoir dans la Brie, le comte de Mortain Etienne, frère de l'un, neveu de l'autre, car ils craignaient qu'en l'absence de Thibaut, le roi ne s'emparant brusquement de sa terre, le roi cependant ne ménageait ni les Normands, ni les gens du pays chartrain, ni ceux de lma Brie, placé entre ses deux adversaires comme au centre d'un cercle, la dispersion des terres l'obligeant à se tourner tantôt contre les uns, tantôt contre les autres...(Suger, Chap. XXVI.) Mais le roi de France fait de même utilisant avec l'aide du comte de Flandre et en 1117 , 

Le roi de France et le comte de Flandre entrèrent La Normandie en tête d'année, mais après y être restée une nuit, ils ont été pris de panique à l'approche de Le roi Henri avec les troupes d'Angleterre, de Normandie et Bretagne, et ils se sont retirés dans leurs propres domaines sans livrer bataille. (Henry de Huntingdon, Liv. VII.) 

 Les deux rois font la même constatation :  ... Par suite de la noble prévoyance tant des rois d'Angleterre que des ducs de Normandie, la marche de ce pays se trouvait ceinte d'une ligne de défense exceptionnellement forte, constituées à la fois par des châteaux nouvellement bâtis et par des rivières infranchissables"  (Suger, Chap. XXVI.) 

Henri Beauclerc - Louis le Batailleur_

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 lutte entre les souverains

entre début 1118 et avril 1119

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Aussi il importe à l'un de franchir cette ligne de défense, à l'autre de la renforcer, au mois de février 1118, deux actions ont lieu simultanément : Le roi Louis donnait des secours à Guillaume-Cliton, qui était exilé, pour lui faire recouvrer son héritage; et une grande partie des Normands faisait tous ses efforts pour le seconder. Henri surprit le château de Saint-Clair, il y tint bon longtemps entre Edmond et autres brigands du voisinage, et de là fit beaucoup de mal aux Français. De son côté, Louis s'empara par l'use du Gué-Nicaise, que l'on appelle vulgairement Vani, où il pénétra à l'improviste, comme moine , avec les chevaliers dont il était accompagné, portant tous des chapes noires. Il y bâtit un fort, dans la retraite des moines de Saint-Ouen, et fit honteusement une caverne de voleurs dans la maison du Seigneur, où l'on ne doit offrir que des prières à Dieu. Dès que le roi des, Anglais eut connaissance de cet événement, il accourut promptement avec son année, et fit bâtir en ce lieu deux châteaux, que l'ennemi avec dérision qualifia d'expressions injurieuses. En effet, il appela l'un Mal-Assis, et l'autre Gîte-à-Lièvres. En conséquence la fureur des guerres exerça ses cruautés pendant près de quatre ans, et désola les deux états par les incendies, les brigandages et les massacres les plus affreux.. (O. Vital , LIV. XII.)

Entre 1118 et 1124 la guerre entre les deux souverains va atteindre son paroxysme, chacun prend des places fortes à l'autre, mais début 1119, Louis prend la cité d'Andeli et marque un point qu'on pense décisif, il tient le sud-est du Vexin normand... Il faut signaler ici, que des barons normands, rebelles à Henri Beauclerc ont pris la cause de Guillaume Cliton, fils du duc Robert de Normandie que Louis a pris sous sa protection. 

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Louis le Gros s'empare du Gué Nicaise.

Planche de l'ouvrage BD

l'Epte, des Vikings aux Plantagenets, tome 2 Le Face à face des Rois

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dessin Darvil, texte Eriamel.

Cliquez dessus pour agrandir 

l'image

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Mais Henri a du répondant et au mois de Mai, tout s'écroule pour le roi Louis. A Brémules, Louis le Gros prend un sérieux revers et manque d'être fait prisonnier, son salut il le doit à un paysan qui le prend pour un normand... Avec le soutien d'Amaury il tente ensuite plusieurs attaques.  Henri met au pas les derniers barons rebelles au cours du mois d'Octobre .1119. Afin de faire cesser les possibles rébellion des barons, Henri imagine un stratagème et en 1120, peu avant son retour en Angleterre en "inventant" un nouveau type d'hommage, l'hommage en Marche.  

 Alors que lui-même n'a jamais prêté hommage au roi des Francs pour le duché de Normandie, il oblige le roi de France, déjà demandeur à plusieurs reprises, (nous l'avons vu précédemment)  à se déplacer aux marches de la Normandie et à reconnaître Guillaume Adelin comme duc de Normandie (alors que Louis soutenait le fils de Robert Courteheuse Guillaume Cliton). C'est donc un nouveau revers, politique celui-là pour Louis le Gros. Les barons rebelles perdent alors tout espoir de voir Guillaume Cliton prendre la couronne ducale, au cours de la même journée, de nombreux barons normands rendent hommage à leur nouveau duc. (Siméon de Durham)

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la lutte des deux souverains

entre de mai et octobre 1119. 

et la venue du pape à Gisors

au mois de Novembre.

Ce document inclus également

le texte de Siméon de Durham

sur l'hommage entre

Guillaume Adelin et Louis le Gros

Cartographie de la bataille de Brémule (1119).

Cliquez sur la l'image pour découvrir le champ de bataille de Brémule.

« l’hommage en Marche »,

sa bonne compréhension permet de faire la lumière sur une succession d’événements apparemment obscurs.

En effet, comment comprendre qu’un vainqueur se prosterne devant un vaincu, s’il n’existait pas de différence entre un hommage « simple » et un  hommage « en Marche » ?

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L’hommage simple oblige le nouveau promu dans son rang seigneurial à se rendre sur les terres de son suzerain, pour lui rendre hommage, en présence d’une cour importante. Cet hommage est également fait par un vassal installé quand un nouveau suzerain remplace son parent décédé.

L’hommage en Marche, à l’inverse, oblige le suzerain à se déplacer aux Marches (à la frontière) du territoire de son nouveau vassal pour y recevoir l’hommage. Il y a donc négociation entre les deux parties sur le lieu et la date de la cérémonie. Dans le cas présent, Louis le Gros soutenait Guillaume Cliton qui s’était réfugié en France, battu ; c’est ce moment que choisi Henri Beauclerc, qui donne la couronne ducale à son fils  pour imposer au roi l’hommage de son nouveau vassal. C’est à cette époque plus une forme de paix qu’un véritable hommage. Il n’est d’ailleurs pas sûr du tout que Guillaume Adelin se soit prosterné, les deux hommes s’étant probablement donné une accolade. La conséquence est désastreuse pour Louis. Il abandonne officiellement la cause de Guillaume Cliton et est obligé de se déplacer aux marches de Normandie, pour recevoir l’hommage de son nouveau vassal, Guillaume Adelin, reconnu comme Guillaume III de Normandie. Compte tenu des précédents entretiens et de ceux qui suivront, l’hommage de Guillaume Adelin a probablement eu lieu à Gisors, près de l’Ormeteau ferré. Cet hommage sera imposé plusieurs fois dans le futur au roi de France et Philippe Auguste, en prenant la Normandie, fera abattre l’arbre, symbole déshonorant pour le souverain de France.

Début de la bataille de Brémule,
Louis le Gros manque d'être capturé et dois fuir lors de la bataille de Brémule.

En images quelques événements des années 1119-1120 - dessin Darvil

Henri Beauclerc rencontre le pape Calixte à Gisors
Naufrage de la Blanche nef.

Malheureusement pour Henri, Guillaume III de Normandie, n’exercera pas son rôle puique quelques semaines plus tard, son navire fera naufrage. Avec lui disparaît également une grande partie de la jeunesse normande embarquée sur le même bateau : La Blanche Nef.

Cela change le donne, Henri n'a plus d'héritier mâle légitime, et sa fille légitime est, à ce moment-là, l'épouse de l'empereur du saint empire germanique. Pour les barons rebelles en 1119, un seul duc peut succéder désormais à Robert Courteheuse, son fils Guillaume Cliton. Certains barons qui étaient restés fidèles au roi d'Angleterre en 1119, soutiennent également le jeune Guillaume.

beaucler_louis_génériq.jpg

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la dernière guerre des rebelles

contre henri beauclerc

1122 -1124 

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Lors de cette ultime révolte, Louis le Gros ne semble pas apparaître, ce qui serait bien étonnant, en fait en 1122, il envoit quelques uns de ses vassaux tels Louis de Senlis, Simon Terruel de Poissy, Simon de Péronne etc...

Pourquoi le roi des Francs n'intervient-il pas ? Les périodes données par Suger et Orderic Vital ne concordent pas complètement, si ce n'est l'année. mais on peut penser qu'Henri Beauclerc fut aidé d'une part par Thibaut de Chartres et Henri, empereur du Saint Empire Germanique Gendre de Henri Beauclerc, pour occuper assez fortement le roi de Francs.

Les deux souverains allaient continuer à se combattre, en début 1127, Louis VI marie Guillaume Cliton à une sœur de son épouse et le nomme comte du Vexin. Suite la même année de la mort de Charles le Bon, les deux souverains vont encore s'opposer en 1128 car le roi des Francs fait également nommer son beau frère comte de Flandre.  

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jointe pour découvrir l'onglet sur la succession de Guillaume Cliton au comté de Flandre et la

guerre de succession qui en découla

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Guillaume Cliton devient le beau-frère de Louis le Gros.

Extrait ouvrage BD Mort en Flandre dessin Darvil texte Eriamel

Après cette date, il ne semble plus y avoir de conflits entre Louis et Henri. En 1129, Foulque d'Anjou prend la croix et part pour Jérusalem, après avoir abdiqué en faveur de son fils Geoffroy qui épouse Mathilde, fille de Henri Beauclerc. 

En 1134, Robert Courteheuse meurt sans avoir revu la Normandie, son frère Henri, meurt en 1135. Deux ans plus tard, Louis le gros disparaît à son tour.

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