Quenn Mathilde and Guy, Bishop of Amiens dictating the song of the Hastings's battle to a monk copyist
le Carmen de Hastingae Proelio
est publié en intégralité en Latin et pour la première fois en Français en fin de l'ouvrage
" Arnauld de Bichancourt " tome 2
" Un triomphe pour Guillaume ? "
CARMEN DE HASTINGAE PROELIO
Chant de la bataille d'Hastings, ce poème, attribué à Guy d'Amiens, évêque de cette ville de 1058 à 1075 et chapelain de Mathilde, épouse de Guillaume le Conquérant, fut sans doute rédigé peu après les faits qu'il décrit.
Il constitue à ce titre une source de première importance sur le "Conquest". Texte méconnu, il n'a fait à ce jour l'objet d'aucune publication intégrale en français.
C'est ce monument de notre passé qui croupissait dans les tréfonds de la mémoire collective, seulement exhumé partiellement, "à l'occasion", par quelques chercheurs spécialisés, que nous vous proposons de découvrir, enfin et pour la première fois, en français.
La version française est accompagnée en vis à vis de la version latine (835 vers en latin).
L’unique manuscrit du Carmen de Hastingae proelio fut découvert au début du XIXe siècle à la Bibliothèque Royale de Bruxelles. Il s’agit d’un codex sur vélin daté du XIIe siècle. Guillaume de Jumièges mentionne ce texte dans sa Gesta Normannorum Ducum (Histoire des ducs des Normands) achevée en 1071. Son authenticité a parfois fait l’objet de contestations s’appuyant sur une argumentation peu crédible. Il est aujourd’hui considéré par la grande majorité des chercheurs comme le plus ancien témoignage relatif à la conquête de l’Angleterre par les Normands.
Edité pour la première fois - en latin uniquement - en France par Francisque Michel dans le troisième tome de ses Chroniques anglo-normandes (Rouen, 1840). Il est présenté intégralement traduit en français, pour la première fois à la fin du tome 2 de la série "Arnauld de Bichancourt en mars 2004
Pour en faciliter la lecture, les rédacteurs ont décidé
de créer des chapitres
(qui n'existent pas
en réalité sur le parchemin)
Traduit par
Christian Jego
Traduction latin - français du
Chant de la bataille d'Hastings
Le début du poème attribué à Gui d'Amiens permet peut-être de connaitre la date de sa rédaction...
" A toi, L. qui es connu pour la probité, que la sagesse fortifie, embellit, grandit et honore, W. te salue ! "
Note de S.W.Gondoin :
La signification des lettres L et W a longtemps divisé les historiens. Dans une édition anglaise du Carmen (English Historical Review, Oxford 1999) le professeur Franck Barlow a proposé de les restituer par Lanfrancum et Wido (Lanfranc et Gui). Les deux noms s'ajustent parfaitement à la métrique du poème. Cela permettrait de fixer la date de sa rédaction entre l'élévation de Lanfranc au siège archiépiscopal de Canterbury (29 août 1070) et l'achèvement de l'oeuvre de Guillaume de Jumièges (1071)
Traduction française du
Chant de la bataille d'Hastings
Les Normands, peuple d'Europe
cliquer sur l'icone ci-dessus
Le Carmen de Hastingae Proelio
décrit la couronne choisie par Guillaume pour son couronnement
Il (Guillaume) ordonne qu’elle [la couronne] soit faite d’or et de pierreries par un artiste, comme il convient à sa noble lignée. D’Arabie on envoie l’or et du Nil les pierreries. La Grèce délègue un homme de l’art qui fit le diadème admirable qu’on attendait, pas moins beau que pour le roi Salomon. La première parure est une escarboucle[i] au milieu du front. A coté une hyacinthe[ii] éclatante puis une topaze[iii], resplendissante sur l’or. Le quatrième élément de beauté est un saphir[iv] . Le cinquième lieu, une sardonyx[v]que le roi porte à ses oreilles. S’y ajoutent un sixième qui est une calcédoine[vi], un septième qui est un jaspe à impressionner un ennemi de loin. En huitième une sardoine[vii] rutilante. Il a façonné en neuvième une chrysolithe[viii]. Et toi, béryl[ix], tu illustres la dixième place. La onzième est prise par une émeraude verte et la douzième une chrysoprase[x]. Sur son front une suprême perle magnifie les pierreries par l’éclat qu’elle ajoute, avec de chaque coté la lumière d’une améthyste[xi], à la teinte harmonieuse. Comme rutile, une fois les nuages chassés, l’espace céleste parsemé d’astres flamboyants, ainsi la couronne d’or rehaussée d’éclatantes pierreries inonde-t’elle de lumière tout le lieu.
[i] Escarboucle : Rubis, pierre précieuse très dure transparente de couleur rouge.
[ii] Hyacinthe : pierre fine (zircon) de couleur brun-orangé à rouge.
[iii] Topaze : pierre fine, transparente de couleur jaune ou mordorée.
[iv] Saphir : pierre précieuse (corindon) très dure, transparente de couleur bleue. Autres corindons: rubis, diamant.
[v] Sardonyx : Agate (calcédoine divisée en zones concentriques) de variété blanche et rouge orangé.
[vi] Calcédoine : silice translucide cristallisée, rouge-orangé (cornaline), brune ou rouge (sardoine), verte ou vert pomme (chrysoprase), noire (onyx).
[vii] Sardoine : voir calcédoine.
[viii] Chrysolite : Pierre fine (péridot) d’un vert jaunâtre.
[ix] Béryl : rose (morganite), jaune (héliodore), vert (émeraude), bleu-vert (aigue-marine).
[x] Chrysoprase : voir calcédoine.
[xi] Améthyste : Pierre fine (quartz) de couleur violette, sensé préserver de l’ivresse.
Les compagnons de Guillaume le Conquérant nommés dans le
Carmen de Hastingae Proelio
Chant de la bataille d'Hastings
Peu de noms dans le poème, beaucoup plus de saxons nommés que de compagnons du duc de Normandie...
Taillefer qui ouvre les hostilités lors de la bataille d'Hastings et meure.
Eustache de Boulogne, Hugues du Ponthieu, Giffard accompagnent le duc pour tuer Harold, point de flèche dans l’œil mais :
"Les quatre s'unissent pour tuer le roi (Harold). Il y en a beaucoup d'autres, mais ils sont les meilleurs...Harold les force à verser le sang.
Le premier (Guillaume) en déchirant la poitrine du roi d'un coup d'épée à travers le bouclier, inonde le sol d'un flot de sang. Le glaive du second (Eustache) lui coupe la tête, malgré la protection du casque. Le troisième (Hugues) d'un trait, lui fait sortir les entrailles, Le quatrième (Giffard) pourtant affaibli, tranche et rejette au loin la cuisse."
Guillaume Malet, seigneur de Graville que le poème de Gui d'Amiens qualifie "un homme, mi normand, mi anglais ... prend le corps du roi, l'ensevelit et pose une pierre sur laquelle il inscrit sur l'ordre du duc, tu reposes ici, roi Harold, afin d'être le gardien du rivage et de la mer"